Ma relation est-elle toxique ? questionnaires et ressources pour déjouer les injonctions patriarcales

Une personne dans une combinaison protectrice porte un masque à gaz. Elle transporte un autre masque à gaz qu'elle tient contre elle . Derrière elle, un mur à la peinture écaillée.

Repérer une relation toxique, c’est rarement simple. Entre ce que la société patriarcale nous vend comme “romantique” et ce qu’on nous répète quand on ose douter, les redflags passent souvent sous le radar. Quand on est autiste, la partie est encore plus truquée : on nous apprend dès le départ à douter de nos perceptions, à dire merci quand quelqu’un accepte de nous supporter, et à croire que nos besoins sont des caprices. Même quand les alarmes internes sonnent, on nous a éduqué à les faire taire.

Comment sortir du brouillard ? Il n’y a a pas d’outil miracle, mais cet article propose du concret pour aider à nommer ce qu’on vit, et surtout arrêter de croire qu’on invente.

  • deux questionnaires pour repérer les comportements toxiques,
  • des ressources utiles sur les violences affectives et le contrôle coercitif,
  • le violentomètre en plusieurs versions accessibles.
  1. Repérer les redflags, c’est défier l’ordre établi
  2. Le validisme ou la fabrique des relations pourries
  3. Deux questionnaires sur les relations toxiques
  4. Des ressources pour mieux comprendre
  5. Des armes pour se défendre et sensibiliser
    1. Des applications
    2. Des violentomètres pour toustes
  6. Un répertoire de lignes d’écoute accessibles

Repérer les redflags, c’est défier l’ordre établi

Dans un contexte patriarcal, on intègre dès le plus jeune âge la domination des forts sur les faibles comme norme sociale. Dans les relations hommes/femmes, mais aussi adulte/enfant, salarié/employeur, personne minorisée/majorité (…), les comportements abusifs sont normalisés. La culture et les médias glorifient la jalousie et les relations inégales.

Les actes de contrôle et de domination sont souvent minimisés, et les victimes silencées. Lorsque l’une d’entre elle (oui, souvent une femme, mais pas que !) cherche de l’aide, la première réponse sociale sera souvent qu’elle exagère, qu’elle est trop sensible, voire que si elle est dans cette situation c’est qu’elle y trouve un bénéfice.

Au quotidien, nous recevons de multiples injonctions sociales à faire face, à tenir bon, à « sauver » une situation, peu importe le prix à payer : on valorise le sacrifice de soi au détriment du respect de l’individu. Avoir des besoins, des limites, serait une forme d’incapacité ou d’échec personnel.

Personne ne nous donne un référentiel clair pour définir une relation saine : il nous appartient de déconstruire le récit collectif pour se sentir légitime, et pouvoir dire tout simplement : NON.

Le validisme ou la fabrique des relations pourries

On dit souvent que les personnes autistes sont plus vulnérables aux relations abusives : difficultés à comprendre l’implicite, naïveté sociale, manque d’éducation affective et dépendance sont les causes les plus souvent évoquées.

Sans les remettre en cause, creusons un peu plus du coté des injonctions sociales.

Quand on est un tant soi peu différent·e des normes, dans toutes nos relations, on vit ce qu’on appeler un chantage à la chance : on devrait être reconnaissant·es que quelqu’un (entendre quelqu’un de normal) s’intéresse à nous, nous supporte, accepte d’adapter son comportement à nos besoins, comme si le fait de fréquenter une personne handie ou minorisée était en soi un acte de bravoure.

La dépendance ne fait qu’ajouter une couche : si on a moins d’opportunités d’emploi (donc moins d’argent), moins d’occasion de rencontres (donc plus d’isolement), moins de possibilités d’autonomie, on est non seulement plus exposé·es aux relations toxiques, mais nos proches sont encore plus perçu·es comme des sauveureuses.

Quand on est autiste, on apprend surtout à douter de soi-même. Nous sommes contamment renvoyé·es à l’idée que nous avons un défaut de perception de la réalité, ou, comme dit dans le DSM-V, un déficit. Alors, quand on sent qu’un truc cloche dans une relation, on doute deux fois plus. On pense que le problème c’est nous, pas la relation. Si on ajoute que nous sommes régulièrement défini·es comme trop sensibles ou trop rigides, on tient le combo parfait d’invisibilisation de nos ressentis. Au lieu de reconnaître la toxicité d’une relation, la société pathologise la personne qui tente de s’en défaire.

Ce n’est pas seulement que les redflags sont peints en rose par le patriarcat : on nous colle des lunettes opaques par-dessus. On nous apprend que nos ressentis sont faux, que notre exigence de respect est exagérée, et que si on s’accroche à une relation pourrie, c’est parce qu’on devrait déjà être reconnaissant·e d’avoir une relation tout court. Bref, on est dressé·es à douter de nos alarmes internes — ce qui arrange les abuseurs.

Deux questionnaires sur les relations toxiques

On me demande souvent : “Comment savoir si ma relation est toxique ?”
Voici deux questionnaires pour aider à faire le point.

Le premier questionnaire porte sur les comportements implicites : ces signaux sournois qu’on a appris à banaliser (contrôle, culpabilisation, isolement…).
Le second porte sur les comportements explicites : quand la toxicité n’est plus cachée derrière les faux-semblants, mais qu’elle reste minimisée par la société.

Il n’existe pas d’outil miracle, mais cela peut aider à se sentir plus légitime, à se dire qu’on n’invente pas. Les actes décrits, qu’ils soient discrets ou flagrants, sont des formes de violence relationnelle.

Les TW de ces questionnaires sont mentionnés dans leur intro.


Des ressources pour mieux comprendre

Puisque la société s’applique à repeindre les abuseurs en grands romantiques, autant se doter nous-mêmes de bons outils. On trouvera ici de quoi repérer, mesurer et documenter la toxicité (liste loin d’être exhaustive qui donne une première approche) :

La notion de consentement

Les idées reçues sur les violences conjugales

Les rouages du contrôle coercitif

Emprise et féminicide

Tant pis pour l’amour 

Roman graphique – Sophie Lambda.
L’autrice raconte comment elle est sortie des violences conjugales.

Au début tout se passe bien, mais rapidement son conjoint adoptes des attitudes toxiques. Sophie doute d’elle-même et perd pied. Une histoire d’emprise mais aussi de sororité.

Comprendre, repérer et agir

Un site canadien plein de ressources.


Des armes pour se défendre et sensibiliser

Se protéger passe aussi par l’info. Ces quelques ressources donnent des armes : pour mieux comprendre ce qui se joue, pour mettre des mots sur les violences, et pour partager autour de soi. Que ce soit pour nous même, pour un·e proche, ou juste pour arrêter de laisser passer les comportements toxiques comme si c’était “normal”, ces ressources sont faites pour ouvrir les yeux et renforcer nos défenses.

Des applications

Dans un téléphone, logo de l'application App-elles

Un danger, une urgence ou une détresse?

App-Elles permet d’alerter des proches choisi·es, d’enregistrer des preuves, de contacter les secours et d’accéder rapidement aux ressources d’aides disponibles à proximité.

la tête d'une personne est représenté comme de nombreux fils emmêlés.

Plateforme sécurisée pour protéger documents et témoignages

Mémo de vie permet de préparer ses
démarches (droit, santé, social), de conserver ses documents, mais propose aussi des ressources pour mieux comprendre.

logo de l'application tiers : un point central fait tiers pour relier deux autres points.

Protéger ses échanges face à un ex-conjoint toxique

Ti3rs Permet de filtrer les insultes, de choisir les heures de notification et de télécharger un historique de conversation.


Des violentomètres pour toustes

Le violentomètre est l’un des outils de sensibilisation les plus connus en France. Il s’adresse particulièrement aux femmes jeunes, potentiellement victimes de violences conjugales.

Il a l’avantage de donner des exemples très concrets du quotidien, qui ne parlent pas uniquement de violence physique. Attention à ne pas réduire les relations abusives à son seul contenu : c’est un outil de premier niveau de sensibilisation qui ne correspond pas à toutes les situations.

Le violentomètre est également disponible en version Queer, LSF, gros caractères, FALC.

Violentomètre : une échelle des comportements en couple
violentomètre queer

Pour télécharger le violentomètre, cliquer ci-dessous.

Pour télécharger le violentomètre Queer, cliquer ci-dessous.

Pour voir le violentomètre en vidéo LSF, cliquer ci-dessous.

Pour accéder au violentomètre simplifié en gros caractères, cliquer ci-dessous.


Un répertoire de lignes d’écoute accessibles

On a tendance à se dire : “Je vais gérer ça seul·e”. Spoiler : face à la toxicité, ça use, ça isole, et ça conforte les abuseurs dans leur pouvoir.

Se faire accompagner par des professionnel·les n’est pas un aveu de faiblesse : c’est un acte de légitimité. Psychologues, écoutant·es, associations spécialisées…des personnes formées pour reconnaître les violences, aider à poser des limites, et soutenir. Chercher de l’aide, c’est protéger sa santé, son autonomie et son droit à des relations respectueuses.

Besoin d’aide ou d’écoute ?
Voici un répertoire de lignes d’écoute adaptées aux personnes handies, y compris autistes. On y trouves des contacts par tchat, messagerie, Skype ou LSF, couvrant des domaines comme les violences conjugales, la santé mentale, les discriminations, et plus.


Pour comprendre aller plus loin sur le sujet, repérer les pièges et construire des liens qui respectent les limites, direction la page sur les relations affectives.

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