Communication dans l’autisme : La Théorie du Uno, l’angle factuel et l’angle émotionnel

jeu de uno sur un set de table en osier aux cotés d'une théière avec des idéogrammes.

La communication entre autistes et non autistes, c’est pas toujours une réussite. Beaucoup de paramètres peuvent jouer. On s’intéresse ici à l’angle sous lequel on communique, le plus souvent de manière inconsciente.

J’expose une théorie qui m’a été communiquée oralement et que j’ai trouvée très à propos pour expliciter une des différences de communication entre autistes et neurotypiques. Il n’y a ici rien de scientifique, mais je pense qu’il s’agit d’un outil accessible que chacun·e pourra s’approprier..


Le UNO est un jeu de cartes.

Chaque carte est composée d’un chiffre de 0 à 9 et d’une couleur : vert, bleu, jaune et rouge, plus des cartes spéciales. Le but du jeu est de se défausser avant les autres de toutes ses cartes. Lorsqu’un joueur pose une carte, le joueur suivant doit enchaîner avec une carte soit de couleur identique, soit comportant le même chiffre.

Pour illustrer la théorie du UNO, on se sert de la carte 1 Rouge, à laquelle les participants peuvent répondre soit par une carte comportant le nombre 1, soit par une carte de couleur rouge.

Carte UNO 1 Rouge

Intention, émetteur et récepteur

Dans la plupart des communications interpersonnelles (orales comme écrites), de manière volontaire ou non, il y a deux aspects principaux : le coté factuel et le coté émotionnel.

Notre carte peut être séparée en deux items : d’un coté le chiffre, ici 1, va symboliser le factuel, la logique, et de l’autre coté la couleur, ici le rouge, va symboliser l‘émotionnel. On communique dans une ou plusieurs intentions précises (informer, obtenir de l’aide, se soulager, etc.), mais il arrive que ce but ne soit pas atteint.

Est-ce qu’on communique mal ? ça arrive, mais c’est pas forcément ce qui coince. Parfois, c’est le décalage entre émetteur et récepteur qui fait défaut (sans que cela ne soit la faute de personne). Voici les mécanismes d’échange entre émetteur et récepteur :

Schéma de communication : nous attendons que le message aille directement de l'emmetteur au recepteur, alors qu'en réalité, l'émetteur a une intention, qu'il code à travars ses filtres. Le recepteur a se propres filtres, qui l'amènent à décoder puis à interpréter

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Mon message est symbolisé par la carte 1 rouge. Quel est mon but ? Je peux vouloir transmettre une information, solliciter une procédure précise (comment faire ceci ?), ce qui relève du factuel, exprimer un besoin de soutien, de compréhension ou ma colère face à une injustice, ce qui relève de l’émotionnel. Ce sont deux angles complètement différents.


Si je me situe dans l’angle factuel, je n’ai pas forcément conscience de l’angle émotionnel, et vice-versa.

Le récepteur de mon message va, de manière inconsciente, prioriser soit le 1 soit le rouge, selon ses propres filtres. Si mon intention était le 1, et que mon récepteur priorise le rouge, alors le feed-back obtenu sera différent de celui que j’attends. En effet, lorsque je pose mon 1 rouge, on peut me répondre par une carte 1 rouge, bleu, verte ou jaune.

Même schéma que précédemment, qui ajoute les attentes (1 rouge, jaune, bleu ou vert) et le feed back différent (5 et 2 rouges) qui mène à l'incompréhension.

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Imaginons que mon interlocuteur me réponde avec une carte 1 jaune. Victoire : je priorisais le factuel et la logique, mon interlocuteur m’a comprise et me répond sous le même angle : les réponses obtenues correspondent à mes attentes.

carte UNO 1 jaune

Mais, si mon interlocuteur privilégie l’angle émotionnel, il peut me répondre par toutes les cartes chiffres rouges du jeu et…ce n’est pas du tout ce que j’attendais. Si j’ai plusieurs interlocuteurs (conversation de groupe, réseaux sociaux…) je peux recevoir beaucoup de réponses que je ne comprends pas.

ensemble des cartes uno chifrées rouge, de 0 à 9

Si je suis le récepteur, je peux aussi prioriser l’angle qui n’est pas celui de l’émetteur.

S’il pose son 1 rouge, espérant en retour n’importe quelle carte rouge (empathie, colère, déception, joie…), et que je réponds 1 jaune, ma réponse est inadaptée aux attentes. Alors que, si l’on suit les règles du jeu, aucune de ces réponses n’est mauvaise. Mes propres filtres ne m’ont pas permis de décoder l’angle priorisé par l’émetteur, et le résultat est l’incompréhension.


Un angle différent

Bien souvent, les personnes autistes ne priorisent pas l’angle émotionnel, et s’attendent à des réponses concrètes et factuelles. De la même façon, elles répondent instinctivement par 1 plutôt que par rouge, à l’inverse de la population générale. Elles peuvent paraître froides, insensibles, voire hautaines, et surtout inadaptées. Cet angle de communication ne correspond pas à l’attendu, même si ces réponses ne sont pas fausses.

Il existe aussi, dans l’autisme, une difficulté à gérer les émotions, parfois couplée à une hypersensibilité. Dans ce cas, l’angle factuel peut être priorisé pour se protéger. Si ce n’est pas le cas, le coté rouge peut être bien plus vif qu’attendu, et évoluer vers toutes les couleurs possibles : la réponse paraît encore une fois en décalage.

N’importe qui peut faire face à ce type de situation. Mais les autistes ont besoin d’un temps considérablement plus long pour le réaliser et réajuster le tir, voire ne pas y parvenir. Une personne autiste peut être particulièrement démunie devant ce qu’on lui reproche lors d’un échange : Puisque les règles du jeu ont été respectées, où est le problème ? Pourquoi mon interlocuteur semble-t-il blessé ou en colère ?

Une personne non autiste, habituée à ce que l’angle émotionnel soit priorisé (c’est l’usage partout), ne va pas percevoir l’intention de la personne autiste (apporter des faits concrets en exemple, ou une solution possible), mais plutôt l’absence d’émotion exprimée. Elle se sentira incomprise, alors que ce n’est pas forcément le cas.


On peut retrouver ce type de décalage, de manière moins courante et constante, sans qu’il ne soit question d’autisme. Dans tous les cas, la théorie du Uno peut aider à prendre du recul et à résoudre certaines incompréhensions. La question à se poser si ça coince : quel était l’angle favorisé par mon interlocuteur·ice ? Quelles étaient ses attentes ?


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2 réponses à « Communication dans l’autisme : La Théorie du Uno, l’angle factuel et l’angle émotionnel »

  1. Avatar de TSA – La définition et les critères diagnostiques de l’autisme – Le blog de Petite Loutre

    […] lire aussi : L’angle factuel et l’angle émotionnel dans la communication […]

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